La ligue OEDEBI publie une lettre ouverte aux députés que nous relayons ici,
au sujet de loi LOPSSI qui entre autres légalise l'espionnage de nos ordinateurs personnels.
On pensait qu'avec la loi Sainte-Hadopi et ses homologues dans le monde
entier, le démon du piratage allait enfin être terrassé, et que les artistes
allaient pouvoir vivre dans le luxe et l'abondance comme autrefois.
Mais alors que nous nous réjouissions par avance de vivre dans ce monde
merveilleux plein de culture et de bons sentiments, le fléau perfide du piratage sévissait dans l'ombre ....
Au Canada 300 000 titres étaient en effet vendus sous forme
de compilations sans qu'un centime ne soit reversé à leurs auteurs. Le nom des pirates : Warner , Sony BMG, EMI, Universal...
Non vous ne vous trompez pas ce sont bien les mêmes qui ont fait
du lobbying auprès des Etats pour faire passer des lois liberticides
au nom de la défense du droit d'auteur.
Profitant d'une faille de la loi canadienne, qui autorise la création d'une
liste d'attente pour retrouver les ayant-droit, les majors ont tout
simplement "oublié" de reverser leur dû à leurs si "chers" auteurs !
Mais voilà que les artistes se sont regroupés pour déposer une plainte commune,
et si on appliquait la même sévérité que celle démandée à l'encontre des
internautes, la facture s'élèverait à 6 milliards.
Les majors elles estiment ne devoir que 50 millions. Cherchez l'erreur !
Procès à venir ...
Venez débattre à la conférence pour trouver des alternatives au financement des artistes et de la culture
Dans le cadre de la réfléxion sur le financement des artistes à l'ère numérique,
Libre Accès orgainse une conférence en parteneriat avec la Mairie du 13°: Monétisation des cultures libres, entre éthique et modèle économique ?
Vendredi 18 décembre, Mairie du 13° de 18h30 à 20h00
Interpellés par les dérives mercantiles du monde de la Culture en ce début de millénaire,
nous avons fêté à notre façon les 50 ans du Ministère de la Culture, créé en 1959 par l'écrivain André Malraux.
Pour écouter des extraits de la Lettre à André Malraux :
23 novembre 2009
Lettre à André MALRAUX
« Le Ministre de la Culture a pour mission de « rendre accessibles au plus grand nombre les uvres capitales de l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre possible de français, d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel, et de favoriser la création des uvres de l'art et de l'esprit qui l'enrichissent ». André Malraux/Décret de 1959
Rien ne remplace tout à fait la présence humaine et cest pourquoi en ce jour anniversaire, nous sommes venus ici, Monsieur Malraux pour vous annoncer que le XXIème siècle ne sera pas spirituel.
Englués dans une époque daphasie et de confusions qui nous entame dans notre capacité à aimer et ne nous donne ni le temps de penser ni le temps de rêver, nous sommes devenus inaptes à créer collectivement « notre propre imaginaire ».
Recherche, création et pratiques artistiques sont gravement menacées.
Ceux qui nous gouvernent semblent avoir totalement oublié que « lart est le plus court chemin de lhomme vers lhomme ». LEtat, Monsieur Le Ministre, a semble-t-il fait un choix déterminant en matière de culture : Il préfère laccumulation stérile des valeurs du passé à linnovation. En assumant, avec une arrogance de plus en plus prononcée, son désintérêt pour ce qui relie lhomme à son « inconnaissable » présent et aux visions futuriste de lart contemporain, lEtat offre aux citoyens, pour les années à venir, une bien creuse aventure culturelle : Contemplation béate du passé, loisirs, jeux et communication sans âme.
Si la culture nest plus le véhicule de transmission des valeurs de notre siècle, si lEtat ne donne plus aux créateurs daujourdhui les moyens de penser les mondes de demain, quel sera lesprit du siècle que nous traversons ?
Peut-être aviez raison dannoncer, Monsieur Malraux, que ce siècle ne sera pas.
Rien ne remplace tout à fait la présence humaine et cest pourquoi en ce jour anniversaire, nous nous sommes réunis devant le théâtre de lOdéon (théâtre de lEurope) pour vous parler Monsieur Malraux. Nous sommes peu nombreux, mais en dedans de nous, il y a Athènes et cet amour singulier pour la démocratie, la culture et la philosophie. Cest donc, un à un, que nous allons, avec vous, lespace dun instant, questionner à haute voix :
Où en sont aujourdhui les missions premières du Ministère des Affaires culturelles que vous aviez mises en uvre, avec votre équipe inventive, il y a un demi siècle ?
Force est de constater léchec de vos ambitions Monsieur Le Ministre et cest aussi cela que nous sommes venus vous dire. Vous, qui avez cru profondément en la nécessité dun engagement fort de lEtat afin de propulser lart et la culture au cur de la société, seriez, en ce début de XXIème siècle, confondu devant leffritement des objectifs premiers de votre Ministère.
Le fabuleux mouvement en faveur de la décentralisation que vous avez eu le courage de poursuivre, suivant les traces de Jean Zay, de Léo Lagrange et les efforts du front populaire, a progressivement été étouffé. Les lieux de culture ont de plus en plus de difficultés à mettre en place cette confrontation entre luvre et le citoyen que vous appeliez de vos vux. Ils sont de plus en plus dirigés dans un esprit « dentreprise » où la gestion et ladministration prennent le pouvoir sur linédit et linvention. Cet esprit, vous en conviendrez avec nous, sied très mal à la liberté de création des mondes de demain En province, certains artistes ont aujourdhui comme seul recours tragique à la lutte contre la fermeture de lieux, dentamer des grèves de la faim Cest vous dire, Monsieur le Ministre, la surdité de nos représentants au plus haut niveau de lEtat.
Plus que jamais aujourdhui « la culture ne shérite pas, elle se conquiert »
Votre esprit de résistant avait su en 1959 obtenir du gouvernement, à la sortie dune guerre dévastatrice, quil inscrive, dans les plans quinquennaux de modernisation économique et sociale de la France, un budget autonome dédié à lart et à la culture. Vous seriez probablement consterné, Monsieur Malraux, dassister aujourdhui aux diminutions de certains budgets de votre Ministère et en particulier ceux consacrés aux actions artistiques et culturelles dans notre pays.
Votre conscience humaniste insista sur limportance du rôle des artistes dans une société moderne et vous aviez lancé les négociations dune politique de soutien aux créateurs. Elles avaient abouti à la mise en place dun régime de protection sociale. Chaque année, Monsieur le Ministre, le statut de lintermittence est remis en question. Les artistes et techniciens se battent, au côté des syndicats et de diverses coordinations, pour en sauver lessentiel et la lutte savère longue et violente (comme ce fut le cas en 2003). En coulisse, on parle déjà, pour lannée prochaine, de la sortie de ce régime exceptionnel qui protège « la création et les créateurs français », des professions liées à la technique. Comme si dans les uvres que nous fabriquons ensemble, artistes et techniciens pouvaient être dissociés.
Votre esprit vivifiant avait souhaité en 1959 placer la création contemporaine dans toutes les disciplines artistiques comme une des actions prioritaires pour le développement de la République Française. Lactuel Président choisit de mettre en place un conseil de la création artistique (commission Marin Karmitz), quil préside, se substituant ainsi à la ligne artistique de votre, de notre, Ministère de la Culture.
En 1959, vous déclariez, Monsieur le Ministre, la nécessité des efforts de lEtat pour lart et la culture « afin que chaque enfant de France puisse avoir droit au théâtre, aux tableaux, au cinéma, comme il a le droit à lalphabet ». Un demi siècle plus tard, pensant probablement suivre dignement vos pas, le Président de la République Française déclare : « Lurgence cest que chacun puisse participer dune sensibilité commune, partager le même amour pour la même beauté, la même admiration pour les mêmes chefs duvre, les mêmes rêves remplis des mêmes figures héroïques et des mêmes espérances ».
Cherchons ensemble Monsieur Le Ministre, en amoureux de la langue que vous étiez, et que nous sommes aussi, lerreur
Afin de poursuivre lappauvrissement de la pensée en facilitant la vulgarisation simplificatrice de ce quest la culture et conduire progressivement les citoyens à errer dans un vaste enclos à divertissements, le Chef de lEtat ose même vous citer : « André Malraux avait coutume de dire que le cinéma était un art mais aussi une industrie. Jaimerais pouvoir dire que le jeu vidéo est une industrie mais aussi un art, capable de créer des univers et une architecture aussi belle que celle des Arènes de Nîmes. »
Sans commentaire...
A lépoque où la volonté de nos dirigeants semble être la réduction de lhomme à la seule valeur marchande, avez vous entendu, Monsieur le Ministre, depuis le royaume dHadés, ce brillant discours de Mme Christine Lagarde, actuelle Ministre de léconomie : « la France est un pays qui pense. Il nest guère didéologie dont nous nayons fait la théorie, et nous possédons probablement dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. Cest pourquoi jaimerais vous dire : assez pensé, assez tergiversé, retroussons tout simplement nos manches ! ».
Cest parce que nous continuons de croire quun peuple dans une démocratie bien portante a besoin au sommet de lEtat de représentants qui, en êtres passionnés stimulent à leur tour les pensées et réfléchissent, en relation étroite avec les citoyens, au devenir du monde, que nous avons décidé de nous adresser à vous, Monsieur Malraux. Et à travers votre figure spectrale dintellectuel passionné, nous sommes déterminés à solliciter la résurgence des pensées innovantes et vigoureuses au sommet de létat.
Cest une étrange missive, Monsieur le Ministre, que nous rédigeons aujourdhui, il est vrai Mais nous sommes certains que vous saurez lentendre, vous qui avez toujours cru au pouvoir surhumain de la création artistique, qui dans les heures les plus difficiles, prouve à tous, profanes ou prophètes, quelle est bien au-delà de la mort.
Dans un temps de désengagement raisonné de lEtat, lacte dengagement irrationnel que nous nous sommes résolus à poser en ce jour anniversaire de votre mort, nous semble plus que pertinent : Vous nêtes pas sans savoir, Monsieur le Ministre-voyageur, que dans certaines régions du monde, des hommes et des femmes vivent dans la persistance de la croyance quil est salutaire, dans des périodes critiques de lhistoire de la communauté, de faire appel aux morts pour parler aux vivants. Et nous sommes bien conscients que « le monde de lart nest pas celui de limmortalité, cest celui des métamorphoses ». Lors dun temps festif dédié aux « funérailles », un temps de commémoration du souvenir, sinventent des rites poétiques afin de réveiller le fantôme du mort et faire résonner sa voix intemporelle de sage parmi le monde des vivants. Cest dans ce lieu, quà notre manière, nous avons choisi de célébrer le 50éme anniversaire du Ministère de la Culture.
Aux grands hommes de la culture, le peuple reconnaissant
Nous sommes devant vous, Monsieur le Ministre, parce que le dialogue devient de plus en plus difficile avec les représentants de la culture au sommet de lEtat. Il na pas été évident, pour nous, de nous retrouver dans ce temps-mystère des connections spectrales entre les vivants et les morts, afin de partager un moment de dialogue avec vous.
Chuchotons un instant à loreille polymorphe des mondes imaginaires et poétiques afin de leur demander de nous conduire jusquà vous Nous y sommes
Si nous avons fait le choix étrange de traverser le miroir des limbes et de pénétrer les voies du silence, si nous sommes là, devant vous, Monsieur le Ministre, dans ce temps symbolique du recueillement à nous aventurer dans le « Royaume farfelu » des ténèbres, cest que nous espérons que ce temps singulier puisse servir de point de départ à une large réflexion sur lart et la culture dans notre pays. Il est urgent que sexpriment les rêves dune société nouvelle où lart et la culture retrouvent tout leur poids et chacun de ses échos. Dautant plus important dans ce temps présent et à la veille dune échéance électorale qui risque dêtre déterminante pour de nombreuses structures culturelles.
Nous avons besoin de votre voix vibrante de tribun, Monsieur Malraux, afin de faire résonner les milles et une voix qui ont tant de mal à se faire entendre dans le brouhaha de notre monde médiatique Dans le bruit assourdissant des machines
Nous espérons quune fois en veille symbolique, votre esprit redevienne une source dardeur nouvelle et quil permette à chacun et à chacune dans les divers mouvements artistiques, associatifs, politiques ou syndicaux, de porter haut et fort, les enjeux de lart et de la culture au sein de la société.
Il ne sagit pas pour nous aujourdhui de fabriquer avec votre image, limage figée dun héros ou pire limage stérile du prophète de la culture. Nous espérons simplement en ce jour de funérailles, que votre masque spectral devienne la grandiose figure dun jour despoir : Celui où lEtat se remettra à placer lart et la culture au centre de son projet de société et aura de nouveau une vision inventive et stimulante en matière de recherche et de création artistiques ; une vision qui protègera durablement le statut unique de lintermittence; une vision déterminée à défendre lensemble des métiers de ceux et celles qui inventent les mondes de demain. Une vision claire et porteuse des métamorphoses dune société qui, pour se revitaliser, doit se pencher sérieusement sur la construction dun avenir humaniste.
La culture nest-elle pas ce germe qui, comme vous aimiez à le dire, Monsieur le Ministre, « a fait de lhomme autre chose qu'un accident de l'univers ? ».
Dans lespoir, dêtre entendus de par les plaines du Cocyte ou sur les rives du Mekong où vagabonde peut-être votre âme de poète tourmenté, de résistant et dhomme de culture et dans cette ultime croyance que ce court moment passé avec vous exprime encore « Lindomptable capacité de lhomme à dire non et à se défendre contre toutes les forces qui tentent de lécraser », nous vous saluons, poétiquement, Monsieur André Malraux
NB : LA LETTRE à ANDRE MALRAUX sera envoyée à Monsieur Frédéric Mitterrand, actuel Ministre de la Culture et de la communication, courant décembre 2009. Vous et/ou votre structure pouvez en devenir co-auteur en envoyant votre signature à : lettremalraux@unexcursus.fr
Mouillé dans la bataille depuis la loi DADVSI, comme vous avez pu le suivre sur ce blog ces dernières années,
Bruno, notre directeur, fait partie des co-auteurs de cet ouvrage "La Bataille Hadopi" et témoigne de quelques faits divers auxquels l'association est confrontée.
Ce livre est à lire d'urgence si vous souhaitez mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette
stupide guerre annoncée.
Vous pouvez télécharger ce livre gratuitement et sans être un "pirate",
mais encourager le libre c'est entre autre l'acheter directement à "In Libro Veritas", premier éditeur libre.